Y aya et Carl, un couple de mannequins et influenceurs à la beauté sculpturale, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe, où ils se retrouvent en compagnie des plus grandes fortunes mondiales : millionnaires de la tech, oligarques russes enrichis par la vente d’engrais, marchands d’armes britanniques décomplexés. Alors que l’équipage – à l’exception du capitaine, marxiste et alcoolique, aux abonnés absents – se démène pour satisfaire les caprices de tout ce beau monde, la croisière tourne au fiasco quand une tempête éclate en plein dîner de gala. Pour les plaisanciers ballottés par les flots, les ennuis ne font que commencer… "Sans filtre" (ou "Triangle of Sadnesse") c’est une Palme d’or qui a divisé la Croisette, et pour cause : récompensé pour la seconde fois après The Square, Ruben Östlund ne fait pas dans la dentelle avec cette farce acide à l’humour cru, d’un cynisme assumé, qui dresse un portrait peu reluisant – néanmoins hilarant – de la société contemporaine, de ses rapports de pouvoir… et de la nature humaine. Si les deux premiers chapitres s’attaquent aux tristes vanités du monde de la mode et à la bêtise des puissants, le troisième acte s’amuse à renverser les rapports de domination dans un modèle d’expérience sociologique : échoués sur une île déserte, où l’argent ne compte plus, qui des ultrariches ou de ceux qui les servent sauront le mieux tirer leur épingle du jeu ? Au milieu de ce carnaval de personnages, tous brillamment interprétés, le jeune couple qui tente maladroitement de braver la tempête teinte la farce d’un brin de mélancolie. Voir le film complet