Les rémunérations des dirigeants du CAC 40 en forte hausse en 2023

L es rémunérations des grands patrons français ont atteint des niveaux record en 2023, avec une moyenne de 7,1 millions d’euros pour les dirigeants du CAC 40, soit une augmentation significative par rapport aux années précédentes. Ce bond témoigne d’une dynamique haussière qui suscite des interrogations sur l’écart croissant avec les rémunérations moyennes des salariés. Des niveaux historiques pour les salaires des dirigeants du CAC 40 La rémunération des dirigeants des entreprises du CAC 40 a atteint une moyenne de 7,1 millions d’euros en 2023, selon un rapport du cabinet Proxinvest. Ce chiffre marque une hausse de 6 % par rapport à 2022 et une progression notable de 37 % par rapport à 2019, dernière année « normale » avant la pandémie. Le cabinet précise que cette augmentation est en grande partie due à la hausse de la rémunération fixe, qui atteint désormais un niveau record de 1,34 million d’euros pour les plus grands patrons du pays. L’étude de Proxinvest souligne également que la rémunération des patrons du SBF 120, qui regroupe les 120 plus grandes entreprises cotées en France, a elle aussi augmenté, avec une moyenne de 4,3 millions d’euros, en hausse de 2 % sur un an. Ces chiffres mettent en lumière un écart croissant avec le salaire moyen des salariés, puisque la rémunération des dirigeants du CAC 40 représente en moyenne 95 fois celle de leurs employés, soit l’équivalent de 304 SMIC pour une semaine de 39 heures. Au sein de ce palmarès, certains dirigeants se démarquent particulièrement. Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes, affiche la rémunération la plus élevée en 2023, avec un total de 46,8 millions d’euros, dont 43,8 millions d’euros en actions de performance. Ce chiffre est en hausse de 41,8 % par rapport à l'année précédente et illustre l'importance croissante des composantes variables, comme les stock-options, dans la rémunération des grands patrons. Un écart de rémunération qui pose question Ilham Kadri, directrice générale de Solvay, occupe la deuxième place du classement avec une rémunération de 23 millions d’euros. Elle a notamment perçu une prime exceptionnelle de 12 millions d’euros pour avoir piloté la scission de Solvay en deux entités distinctes. Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, se positionne quant à lui en troisième place avec 17,8 millions d’euros, malgré des réticences exprimées par certains actionnaires lors de l’assemblée générale de la société. Cette augmentation des rémunérations des dirigeants du CAC 40 et du SBF 120, en grande partie attribuée à des primes exceptionnelles et à des attributions d'actions de performance, fait émerger des questions sur la durabilité de ces pratiques et sur l’équité au sein des entreprises françaises. Proxinvest note que certaines de ces attributions de stock-options se font dans des conditions plus favorables aux dirigeants que celles observées dans d’autres grandes économies, notamment en ce qui concerne les durées de conditionnalité. Le rapport de Proxinvest vient ainsi relancer le débat sur l’écart entre les rémunérations des dirigeants et celles des employés, dans un contexte où les entreprises françaises font face à des défis économiques et à des attentes accrues en matière de responsabilité sociale. Alors que le débat public sur ces disparités persiste, certaines voix s'élèvent pour réclamer une révision des critères de performance afin de favoriser des objectifs à plus long terme, renforçant ainsi la cohésion entre les intérêts des dirigeants et ceux de leurs collaborateurs.